jeudi 30 novembre 2017

Fossoyeurs du Vieux Monde (Brixton, 1981)

       
 Je t'en foutrais, moi, de l'émeute « raciale »...
            
« Les partisans d'un compromis avec l'État constituèrent le 13 avril à Brixton un "Comité de défense" afin de prendre de vitesse ceux qui voulaient poursuivre l'attaque. Lors de l'assemblée du 13, quelques chefaillons qui s'étaient improvisés eux-mêmes "leaders de la communauté noire" mirent aux voix la question de décider si ce comité devait être de composition exclusivement noire ou multiraciale : la majorité des gens présents s'abstint de voter sur ce qu'elle jugea une fausse question. Les réformistes réussirent à obtenir tout de même une faible majorité en faveur d'un comité seulement noir. Cette manoeuvre n'allait pas empêcher les jeunes (noirs comme blancs) de relancer l'émeute dans les rues de Brixton - il n'y eut que 50 flics blessés cette fois-là. Et la chaleur des belles émeutes du 11 au 13 enflamma d'autres quartiers de Londres. Le 22, à Finsbury Park, l'affluence inhabituelle de jeunes dans un Luna Park inquiète les autorités qui le font fermer deux heures plus tôt que prévu : l'insatisfaction déjà vive dans de tels endroits explose dans la rue. La police est attaquée, les magasins pillés et les bus incendiés. Le 30 avril, pendant un meeting raciste, la police est encore attaquée par des groupes noirs/blancs/asiatiques qui de loin dépassent les mots d'ordre des rackets politiques, limités à la défensive anti-raciste.

Le racisme n'est qu'une petite défense caractéristique du Vieux Monde qui panique. La bourgeoisie n'a jamais encouragé le racisme tant qu'elle avait besoin d'exploiter des immigrés ; elle l'a toujours encouragé quand elle n'en avait plus besoin, et surtout avec la nouvelle génération d'immigrés qui elle n'a par avance aucune envie de travailler. Les premières générations de travailleurs immigrés avaient supporté les servitudes les plus extrêmes du travail salarié : leurs rejetons refusent d'emblée le sort qui les attend. Ils sont anti-travail et commencent à le dire. Tout sentiment de nationalité est effacé chez eux ; comme les jeunes immigrés jamaïcains qui vivent très tôt à la rue parce qu'ils ne supportent plus leurs familles et la morale qui y sévit, et qui firent les émeutes de Brixton : ceux-là crachent sur les rastas, ces curés non-violents de la nation africaine, et ils se moquent bien des rackets politiques qui ont voulu limiter ce conflit social à un conflit racial. (...) Là-bas comme ici, il n'existe pas plus de "communauté" noire que de "communauté blanche" ou de "communauté maghrébine", mais une communauté humaine qui se forme dans l'émeute (...)

La vérité des émeutes de Brixton s'est totalement révélée 2 mois plus tard. Le 4 juillet 81, à Toxteth, un quartier à population également blanche et noire proche du centre ville de Liverpool, un contrôle policier, un de trop, a déclenché deux nuits d'affrontements. Quand les renforts de police sont arrivés, l'émeute battait son plein. Ils furent pris en embuscade et durent se replier sous une pluie de pierres, de barres de fer et de cocktails. Les 800 flics engagés n'ont pu momentanément reprendre l'avantage qu'après 7 heures de combat et au prix de 200 blessés chez eux. Pendant toute la nuit, les magasins furent mis au pillage ; des groupes déambulaient les bras chargés de matos électro-ménager, de caisses d'alcools, de bouffe, de fringues, de chaussures et même de rouleaux de moquette. Ce qui n'a pu être emporté a été brûlé : un magasin de tapisserie fut ainsi incendié, et donna le signal de départ des incendies. Les émeutiers, dont les plus jeunes avaient dix ans, mirent le feu à un club privé pour les rupins de Liverpool. Un cinéma voisin fut à son tour incendié ; après quoi un groupe pénétra dans une succursale de la National-Westminster-Bank, à laquelle ils mirent le feu non sans avoir raflé quelques milliers de livres sterling dans la caisse ; une autre banque située en face fut aussi incendiée. Pendant ces réjouissances, plus bas, sur Parliament Street, d'autres émeutiers pénétraient dans un dépôt de laiterie et s'amusaient aux auto-tamponneuses avec les camionnettes de livraison qu'ils expédièrent ensuite sur la ligne des flics. Une entreprise de fournitures électriques fut incendiée ; une agence de location de voitures et une station de taxi furent pillées - les véhicules servirent à emporter le butin des pillages, ou à être lancés sur les flics (...)

Des gens de tout âge ont participé aux pillages ; la population qui n'était pas dans la rue encourageant des fenêtres les combattants aux cris de :

"TUEZ LES PORCS BATARDS"

Les responsables religieux qui essayèrent d'appeler au calme furent naturellement lapidés. »

(Les Fossoyeurs du Vieux Monde n°4, Mai 1983)







10 commentaires:

  1. Au risque de se répéter, on se souvient d'un superbe graffiti à Brixton et en ce temps-là qui disait : THE ONLY RACE IS THE RAT RACE.
    No comment.
    (Rat race = course à l’ascenseur social. Ou à l'escalier ou à la fusée...)
    Et comme disait l'autre "There is nothin' like a good game of piggy in the middle".

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  2. Right, dear Blue Monk.
    Mais parfois une certaine confluence de pensée fait chaud au cœur.

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  3. ben non, vous baignez dans le fric, la culture occidentale, et le marxisme en version universitaire franco-française. C'est vrai, pas une question de race, mais de classe, la vôtre : petite bourgeoisie qui-sait-tout

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    1. Elle vient d'où, ta "culture" à toi ?
      Réfléchis deux secondes, crétin post-moderne.

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    2. comme disait l'autre, je ne suis pas quelqu'un qu'on censure. Tu me liras, ou pas, je m'en fous, ici : http://civilisation-change.forumactif.org/t507-la-parole-est-a-la-defonce#14974

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  4. vous pouvez m'insulter, ça glisse. Vous êtes comme les communisateurs et les décoloniaux, bref, comme tous les militants de leurs certitudes indisctutables : ce dont vous ne parlez pas n'existe pas. Allez, pour les ceusses ayant envie de se mettre quelque chose sous la dent http://civilisation-change.forumactif.org/

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  5. PATLOTCH = crétin troll homophobe racialiste même pas respecté dans la ultragauche communisatrice qu'il lèche pourtant tant et tellement

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