mercredi 29 juin 2016

À la coule

(Ernst Bloch, avec Rudi Dutschke et son fils Hosea-Che, vers 1970)

«Le vieillard qui, dans la fraîcheur du soir, est assis devant sa porte et passe tout son temps à dresser le bilan de sa vie écoulée, ce cliché de l’image-souhait d’une vieillesse vue par Grimm n’a plus cours aujourd’hui, tant du point de vue économique que comme attitude en soi. Ce qui, par contre, a toujours cours, c’est le souhait sage et si bien harmonisé avec le besoin de quiétude, de voir la roue de la vie enfin cesser de tourner à vide. Et cet amour du calme peut être plus étranger à la chasse à courre capitaliste que ne l’est une jeunesse pour qui la vie se confond avec une poursuite. Ici la vieille génération (dont le monde bourgeois n’avait que faire) a le droit d’être… antique. D’être éminente aussi, en proposant une attitude, en employant certains mots, en embrassant les choses d’un regard qui a cessé de refléter le goût du jour et de le servir. En incarnant une époque où tout n’était pas qu’affairement et surtout : l’époque où tout s’apaisera à nouveau.»

(Ernst Bloch, Principe Espérance)

4 commentaires:

  1. Ah c'est beau ça. Le texte et l'image.

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  2. Certes, mais la sagesse ne viendra jamais !

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    1. Peut-être. Encore faudrait-il avoir le loisir de vérifier concrètement cette glorieuse hypothèse. Certains jeunes esprits, par ailleurs dotés de corps et de chair, eussent apprécié d'éprouver par eux-même cette soi-disant vanité de la sagesse finale, et dernière. Nous pensons, par exemple, à Rudi Dutschke, ou à Rémi Fraisse, pourquoi pas ! Ou encore à un bon paquet d'enfants syriens, afghans, français, etc de ces temps-ci.

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  3. Oui, un excellent choix.
    Cela requinque.

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