mardi 22 avril 2014

Continuité glorieuse de l'état de droit

James Ensor, Les bons juges (1891).

«Nous navons pas les vrais coupables. Mais nous avons des responsables, donc des coupables, des faits qui vous sont reprochés.»
(Hélène Perroz, présidente du TGI de Nantes, prononçant de lourdes peines contre une poignée de jeunes accusés de dégradations diverses, au cours d'une manifestation contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-landes, vendredi 24 février 2014).

«Si Sacco et Vanzetti n’étaient pas coupables de vol et de meurtre, leur crime, pour cet État, pour les capitalistes et nationalistes qui le tenaient, était bien plus grave. Ces deux salauds d’anarchistes étaient des ennemis du système. Donc leurs ennemis personnels. Un an après l’exécution, l’Outlook réunit toutes les preuves dont la défense de Vanzetti avait usé concernant le crime de Bridgewater, et les publia dans son numéro du 31 octobre 1928. Les journalistes soumirent publiquement le produit de leurs investigations à la disposition du gouverneur Fuller. Le politicien refusa à nouveau d’y jeter ne fût-ce qu’un oeil, démontrant une fois de plus que la culpabilité ou l’innocence de Vanzetti dans cette histoire de hold-up, ou dans n’importe quelle autre, n’avait jamais eu qu’une très faible importance. L’important, c’était ses opinions gauchistes, le fait qu’il assumait son opposition à l’ordre dont Fuller était à la fois le bénéficiaire et le grand-prêtre. 
Par conséquent, Vanzetti et Sacco avaient été proprement éliminés.»
(Louis Adamic, Dynamite !, 1934).

2 commentaires:

  1. Continuité glorieuse, à la seule différence qu'il n'y a plus trop de journalistes pour soumettre publiquement le produit de leurs investigations. Ils sont trop occupés à défendre leur marque... pardon, leur journal.

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  2. « Écoutez, vous, le coquin à la barre, écoutez-moi, maraud. Vous allez expier pour trois raisons : premièrement parce qu’il n’est pas convenable que je siège ici comme juge et que personne ne soit pendu. Deuxièmement, vous serez pendu parce que vous avez une tête diablement patibulaire et troisièmement, vous serez pendu parce que j’ai faim car sachez, maraud, que chaque fois que le dîner d’un juge est prêt avant que le procès soit fini, le prisonnier est pendu, cela va de soi. C’est ce qu’exige la loi. Geôlier, emmenez-le. » Extrait des Pirates, de Gilles Lapouge, lu récemment assez jouissivement.

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